L’atteinte ou le dépassement du seuil de capacité de charge (« capacité d’accueil maximal ») d’un territoire est le signal d’une « surfréquentation » (Union européenne, 2001). Le nombre de touristes est généralement utilisé comme mesure pour évaluer le niveau de fréquentation temporelle et spatiale. Le besoin de connaître une limite – un seuil – dans l’activité touristique des lieux est souvent présent dans les priorités des gestionnaires. Ce seuil (nommé « capacité de charge maximale touristique » [carrying capacity] prend en compte de très nombreux facteurs différents dans chaque lieu et pour chaque temporalité. La méthode de calcul de ce seuil est extrêmement complexe et fait l’objet d’un processus de planification locale, lorsqu’il existe (rarement). Pourquoi est-il important de l’entreprendre dans une démarche de « tourisme responsable » ? Parce qu’il détermine les impacts négatifs du tourisme de masse sur ces milieux : états de saturation (impossibilité d’accueil supplémentaire), dénaturation (perte des caractères originaux qui avaient attiré les premiers visiteurs => destruction des milieux naturels et humains). D’où la nécessité d’évaluer, pour bien gérer ces sites naturels exceptionnels, la charge maximale que peut supporter le site. Définie par l’Organisation mondiale du tourisme comme « le nombre maximum de personnes qui peuvent se rendre dans une destination touristique au même moment sans provoquer la destruction de l’environnement physique, économique et socioculturel et une diminution inacceptable de la satisfaction des visiteurs », la capacité de charge est une limite, fluctuante entre un optimum et un maximum. Cette limite est d’abord un seuil de capacité qui correspond à la limite d’élasticité : seuil en deçà duquel le lieu ne sera pas affecté de manière irrémédiable, il reviendra à sa forme antérieure s’il y a arrêt ou une diminution de la fréquentation (donc sa maîtrise par les gestionnaires du lieu) ; c’est donc un optimum de gouvernance. C’est enfin un seuil de capacité de charge qu’il ne faut absolument pas atteindre, car il correspond à un seuil de rupture : seuil à partir duquel le déclin est inéluctable et irréversible s’il est dépassé, même après arrêt de la fréquentation. Les sites exceptionnels sont ou seront donc amenés à distinguer les fréquentations qui provoquent une modification irrémédiable de celles qui sont réversibles. La connaissance du cycle de vie de ces lieux touristiques s’avère ainsi nécessaire. Elle implique qu’on puisse vérifier : 1/que l’impact est ou sera proportionnel au nombre de touristes, à la fréquentation (ce qui reste à chaque fois à démontrer) ; 2 /la limite (qui doit être quantifiée) au-delà de laquelle il y aura irréversibilité.
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