L’évaluation constitue pour l’Éducation nationale, peut-être plus encore que pour tout autre service public, un impératif. L’école a pour mission première la transmission des connaissances. Aussi la mesure des connaissances transmises est consubstantielle à sa mission, inhérente à l’acte d’enseigner comme cette mesure est indispensable à l’évaluation du fonctionnement et des performances du service public de l’éducation. Pourtant savoir comment cette évaluation, dont la nécessité parait si évidente, est organisée au sein de la sphère éducative nationale, comment elle produit et diffuse ses résultats, quels enseignements en sont tirés, est un sujet mal connu car très difficile à saisir de façon synthétique. La multiplicité des niveaux et des modes d’évaluation qui coexistent dans le système scolaire, n’est pas une cause explicative suffisante de cette perception confuse. Bien au contraire, l’éclatement des dispositifs d’évaluation aurait dû conduire à instituer un système ordonné. Or la volonté d’organiser cette fonction primordiale avec clarté et selon des modalités pérennes a fait défaut. Les remises en cause des résultats de notre système éducatif n’ont cependant pas manqué et ne manquent pas : mauvais classement dans les comparaisons internationales en termes de niveaux et de progression pour les élèves les plus défavorisés, interrogations sur l’efficacité de l’école dans l’opinion publique nationale, débats récurrents sur l’efficience médiocre de la dépense publique, la pertinence des reformes pédagogiques successives, les cadres de l’organisation de l’enseignement. Si des tentatives ont été faites pour moderniser l’évaluation au sein du système scolaire, elles sont restées parcellaires et n’ont jamais envisagé cet objectif dans son ensemble, en termes institutionnels, administratifs et fonctionnels. Elles n’ont jamais eu suffisamment d’ambition pour installer une culture de l’évaluation progressivement acceptée par toutes les composantes du système scolaire. Aussi le message de l’institution publique nationale sur l’efficacité de notre système scolaire n’est pas audible face à des évaluations internationales dont les conclusions puissamment charpentées, qualifient avec netteté la performance de chaque système d’enseignement. Tout se passe comme si la France ne disposait pas d’une fonction d’évaluation apte à éclairer les enjeux d’efficacité, d’équité et d’efficience qu’emporte le service public de l’éducation, comme si la confrontation avec une évaluation internationale nouvelle et incisive dans ses résultats et préconisations, n’avait pas conduit la puissance publique à réagir vigoureusement en réorganisant son propre dispositif évaluatif. Il découle de ce hiatus une grande incertitude sur ce que les citoyens comme les pouvoirs publics doivent penser de la performance collective de l’éducation nationale qui a mobilisé 68 milliards de crédits en 2017, en mobilisera 70 milliards en 2018 et emploie presque un million d’agents publics pour éduquer près de 12 millions d’élèves.
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