Dans les nuages

Cela s’est déroulée la semaine dernière, par une journée superbe, dans un aérodrome doté d’une seule piste. J’ai l’impression d’avoir une boule au ventre : je vais faire un saut en parachute pour la première fois. Je découvre mon moniteur : Emerick. L’atmosphère est très conviviale : on se tutoie d’emblée. Le genre d’ambiance que j’ai déjà remarqué chez tous les animateurs procurant des activités riches en adrénaline. Matt m’expose ce qu’il faudra faire en plein ciel, puis c’est le moment d’enfiler mon harnais, qui va des cuisses aux épaules. Ainsi acoutré, je découvre l’appareil qui nous attend sur la piste. Je me glisse péniblement dedans. Sur le plan des aménagements, ils ne se sont pas foulés : on s’assoie sur le plancher. L’instant d’après, on sommes partis. Le vol en lui-même est une aventure. Je suis coutumier des avions de ligne, voler sur un appareil de ce genre se révèle carrément angoissant. La porte de la cabine est constituée d’un rideau qui laisse le vent froid entrer dans l’appareil. La vue sur la terre est frappante.. Après 20 minutes de vol, nous rejoignons enfin à l’altitude de largage. Enzo unit mon harnais au sien. J’éprouve brusquement une angoisse : j’espère qu’il ne va pas se défaire au cours du saut. Stéphane me donne une protection à placer par dessus mes lunettes de vue. Le cordon me garrotte le crâne, mais vu la vitesse à laquelle nous allons tomber, je préfère ça plutôt que de les paumer en cours de route. L’adrénaline me submerge d’un coup comme nous gagnons la porte et que je me retrouve devant l’ouverture béante.
Je prends conscience de ce que je me prépare à faire : me lancer dans le vide à quatre kilomètres au-dessus du sol, chute libre et compter sur ! Mon envie de faire ce saut s’est soudainement envolée. On se lance enfin. Je dois savourer ce moment, car je n’ai droit qu’à 45 secondes de ravissement. Je fonce à une vitesse terrifiante. Mon visage est distendu par la vitesse, je me fais l’effet d’un chien quand il passe la tête par la vitre de la bagnole alors qu’on est sur l’autoroute. j’ai du mal à concevoir que je suis réellement là ! Puis Jérôme déclenche notre parachute. J’ai le sentiment de remonter, même si ce n’est qu’un mirage. Et l’expérience change du tout au tout. Six minutes de pur bonheur. La tranquillité qui prédomine à cette altitude est troublante, d’autant plus impressionnant après la phase de chute libre. Le paysage est d’une délicatesse époustouflante. Une sensation grisante. Le sol se rapproche et on atterrit en douceur, presque à deux pas du hangar où j’ai fait la rencontre de Emerick. La boucle est bouclée. Si je suis assez insensé pour remonter, je choisirai le saut en solo. Je veux évoluer librement durant la chute libre.

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